Gisements Pétrolifères en déclin : Quand les facteurs naturels et humains se rencontrent…

On a enregistré une baisse de la production dans plusieurs champs pétrolifères, en particulier celui d’Al Borma, qui est l’un des plus importants, dont les performances ont diminué de 22%. La production a également diminué dans les champs Adam de 37%, Al Chourouk de 43%, MLD de 23%, Asdrubal de 13% et le Miskar de 16%.

Comparée à certains pays arabes et africains, la Tunisie n’est pas un grand producteur de pétrole. Des permis de recherche et de prospection sont, cependant, livrés à des firmes internationales dans l’espoir de trouver des gisements qui pourraient améliorer l’offre en or noir. Des investissements colossaux ont été dépensés pour effectuer les travaux pré-prospection comme les études sismiques et l’aménagement des sites avec utilisation des grands équipements et moyens. Parfois, ces travaux n’aboutissent à aucun résultat positif et le site s’avère dépourvu de la moindre goutte de pétrole. C’est aussi le même cas pour le gaz où des prospections sont effectuées en permanence sur le territoire tunisien du nord au sud avec mobilisation des ressources humaines et matérielles nécessaires.

D’après les chiffres disponibles, la production nationale de pétrole brut est tombée à 1.520 kilotonnes au cours de l’année 2020, et on estime cette régression à 8,7% par rapport à 2019. Ces chiffres n’encouragent pas de nouveaux investisseurs à tenter leur chance pour prospecter le territoire tunisien d’autant plus que plusieurs anciens gisements sont en déclin de production et leur débit est devenu assez bas, ne répondant pas aux ambitions de ces firmes qui tablaient sur une production plus élevée pour pouvoir amortir leurs investissements. La rareté des ressources pétrolières et gazières relève d’un phénomène naturel qui se caractérise par une aridité progressive du sol.

Des performances diminuées

L’Observatoire national de l’énergie a donné son explication au sujet de cette situation précaire, l’attribuant dans un rapport publié récemment sur les indicateurs énergétiques pour l’année 2020, à la baisse de la production dans plusieurs champs pétroliers, en particulier celui d’Al Borma, qui est l’un des plus importants champs pétrolifères, dont les performances ont diminué de 22%. La production a également diminué dans le champ Adam de 37%, Al Chourouk de 43%, MLD de 23%, Asdrubal de 13% et le champ Miskar de 16%. Les anciens gisements se sont essoufflés et ne peuvent plus donner de grandes quantités de pétrole comme c’était le cas par le passé. Face à ce phénomène naturel, les pétroliers ne peuvent pas grand-chose sauf aller tenter leur chance dans d’autres sites. 

Si le facteur naturel est responsable du déclin de certains champs, le facteur humain est également mis en cause dans la diminution de la production de certains champs. En effet, la baisse des apports pétroliers  est due aussi à la fermeture par les manifestants, par exemple, de la vanne d’Al Kamour pendant la période du 16 juillet au 5 novembre 2020, qui a provoqué la baisse ou l’arrêt de la production dans plusieurs champs du sud, en fonction de la capacité de stockage disponible dans ces champs. Les manifestants menacent encore de recourir à la fermeture de la même vanne sous prétexte que le gouvernement n’a pas appliqué toutes les dispositions convenues.

Cette situation ne peut plus se poursuivre et il faut se mettre d’accord pour mettre un terme, une bonne fois pour toutes, à cette fermeture répétitive de la vanne pétrolière ou gazière. Cela y va de la vie de tous les Tunisiens. Un arrêt de la vanne pendant une heure cause à l’Etat un manque à gagner   chiffré à 4 millions de dinars au moins. D’ailleurs, les responsables des firmes touchées par les exactions des manifestants ont exprimés leur ras-le-bol, menaçant de s’en aller pour aller exploiter des gisements dans d’autres pays. Car ces comportements irresponsables leur font perdre beaucoup d’argent et impactent leur compétitivité au niveau international.

Une vision stratégique

Il est nécessaire, cependant, d’avoir une vision stratégique et prospective pour les ressources énergétiques fossiles au cours des dix prochaines années. Il s’agit, en premier lieu, de définir les sites qui sont susceptibles de renfermer encore des gisements pétroliers ou gaziers, et ce, pour en tirer le meilleur profit sans porter atteinte aux habitations environnantes ni au milieu environnemental. Le projet de gaz de schiste qui a été développé dans plusieurs pays en Afrique et en Amérique n’a pas encore été traité d’une façon approfondie, sachant  que cette énergie, qui exige certes d’importantes quantités d’eau, peut améliorer l’apport énergétique de façon drastique.  Plusieurs écologistes se sont opposés à cette méthode d’extraire l’énergie vu ses effets pervers. La situation reste encore au point mort en attendant d’approfondir davantage les études sur le terrain.

Le travail va donc se poursuivre comme à l’accoutumée dans les champs et les sites nouveaux  dans l’espoir de dénicher de nouveaux gisements rentables. A noter que la Tunisie applique une redevance sur le gazoduc algérien qui passe par le territoire tunisien pour alimenter l’Italie. Elle a droit aussi à une quantité de gaz en contrepartie de ce passage du gazoduc par le territoire national. Des recherches ont également montré que des gisements gaziers sont disponibles dans certains sites tunisiens, ce qui va améliorer l’offre et permettre aux régions du Nord-Ouest de bénéficier, eux aussi, du gaz naturel qui sera utilisé en parallèle avec le gaz liquéfié en bouteille dont la distribution connaît parfois une perturbation.

Il s’agit, par ailleurs, de bien sécuriser les sites de production pour éviter l’entrée des intrus et l’empêchement de l’écoulement du pétrole suite à la fermeture de la vanne. La Tunisie, rappelons-le, importe une grande partie de ses besoins en pétrole du marché international, et ce, pour satisfaire les besoins de la population en perpétuel accroissement. Les quantités importées sont ensuite raffinées à la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir) pour rendre le pétrole exploitable. En parallèle, notre pays exporte une petite quantité de pétrole mais il ne fait pas partie du club de grands producteurs qui imposent le prix et gèrent les quantités commercialisées en fonction de leurs intérêts. La Tunisie subit, ainsi, les effets de la fluctuation des cours et se trouve obligée de payer plus au cas où les prix seraient revus à la hausse provoquant une pression sur le budget de l’Etat.

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